Archive for novembre 2011

Blue Friday

10 novembre 2011 Comments Off

Pattijn, 
dix-huit heures, la nuit.

Arrêt sur écran noir. Recul. La banlieue bruxelloise est plongée dans cette obscurité hivernale qui fait suite à une journée aux nuages si bas que l'on pense que le ciel pourrait, cette fois, tomber. Il est loin le soleil étrange de Bretagne, elles sont loin ces heures heureuses. Aujourd'hui les jours restent éminemment longs, je me sens vénéneuse.

On s'était dit qu'on irait à Los Angeles en hiver. Tout paraissait possible, je me voyais aussi le corps langoureux mouvant à Echo Park, mais c'est ma triste gueule pantine et blafarde qui fixe les étangs d'Ixelles et ses canards sauvages. 

A priori l'amour ne va pas jusque Pasadena.
Il s'arrête quelque part entre nos deux villes de briques rouges. Et entre les deux il n'y a que la mer du nord en plein hiver, si inhospitalière, sans aucun cerf-volant. Juste un désert. Les lettres passent quelques récifs avant d'arriver dans nos mains qui restent toujours vides. Je crois que je suis partie sans comprendre l'étendue de l'abandon, je suis partie sans te dire combien me blesse le sacrifice. Combien pour moi un jour sans toi me semble toujours triste.


Les voiles

8 novembre 2011 Comments Off

Je rêve chaque nuit, comme un présage étrange, des grandes voiles blanches épanouies dans la baie de Quiberon, du souffle marin, du vent. Quand je suis arrivée sur ce quai, gare Bruxelles midi, j'avais un peu le sentiment de m'être trompée de port, mais les bateaux possibles avaient l'air d'être partis depuis un bon moment. 

J'ai cherché mon coeur disséminé entre ma valise et le froid mordant. Je n'ai amené qu'un seul livre, l'Amant, puis je l'ai jeté dans la poubelle à papier entre Bockstael et Pattijn. La maison à véranda est silencieuse et vide, nous sommes dans la banlieue plongée dans le noir, c'est comme un vieux polar. Le Thalys était vide aussi, il était déjà tard, la nuit était tombée entre Lille-Flandres et Mons, et là bas ou ici, voilà un quelque part.