Les jours gelés de janviers te paraissent indéfinis et étirés. Quand s’émoussera la lame de l’hiver, sous quelle chair. Tu as essayé la semaine dernière de vivre lentement mais que faire de ces jours repeints? Ce qui a été fait est encore pâle et absolument beau.
On nait d’un souffle dans la nuit secrète, on peut dire que l’on a été commis. Le crime est parfois différent et bien moins naturel. Ainsi, ce forfait là, originel à chaque fois, c’est le départ d’une série de doutes : Es-tu mon pendant biologique, m’as-tu désiré. Serais-je le même que toi, serais-je à la hauteur du génétique. L’essence d’un destin est-il dans ce mélange d’ADN au fond des draps. L’oreille se tend dans la nuit. J’entends ou crois entendre ce premier cri là, d’une intensité indéfinie. La nuit est minuscule, il y a un calme abyssal qui émeut juste après. Le silence est tel que l’on ne l’a jamais connu dans cette émotion. Le silence est nouveau né. Quelqu’un m’a demandé : pourquoi écrire? Pour écouter ce silence forfaitaire après le cri. C’est ça le son des naissances et des renaissances. Le silence après la douleur. L’expression d’une forme tacite de vie secrète.
En 1932, Oum Kalthoum vint chanter à Bagdad. Au même instant dans son lit de malaria et d’apatride sentimentale, Schwarzenbach écrivait Orients exils. A cette époque une jeune fille au visage de madone grecque chantait pour les Cheikhs. On dit que par jalousie, Oum Kalthoum organisa son assassinat. Elle se nommait Asmahan, fille d’un Prince Druze. Elle aurait pu être Yallé. Le seul chant qu’on retint d’elle fut Layali El Ounsi Fi Vienna, que l’on peut traduire par La mort à Vienne. L’amour puis la mort à Vienne, plus précisément.
Tu as longtemps considéré l’arabe comme une langue rude et acerbe, vestige barbare, tissu rêche. Tu clamais que ce n’était pas le genre de vêtement qui t’appartenait. Qu’une toge aux plis civilisés te revenait de droit, par une filiation florentine de mère, là où l’italien prend souche au plus pur latin. Cultiver une vie française t’as détaché d’un passé naturel, d’un dénuement de la nature que seuls les pays moins marqués par le paysagisme, peuvent encore posséder. De même que par la langue, tu n’as pu que développer une aversion presque occidentalocentrée pour ces femmes aux dents noires et aux visages tatoués. La mère aussi fut une de ces images à la sensibilité exacerbée et au pouvoir magique d’avoir pu s’adapter se couler dans cette culture des syllabes nasales et des glottes arrachées. La vision déformée des femmes vient de là, de ces rites ignorés, du non-dit de la société de l’islam, de cette force mystique de la mère caméléon, de sa force masquée par sa sensibilité. La vision déformée des femmes vient donc de l’inconnu, du caché et du mystérieux. Voilà peut-être ce que tu cherches derrière une hanche duveteuse et une pointe de sein.
On nait d’un souffle dans la nuit secrète, on peut dire que l’on a été commis. Le crime est parfois différent et bien moins naturel. Ainsi, ce forfait là, originel à chaque fois, c’est le départ d’une série de doutes : Es-tu mon pendant biologique, m’as-tu désiré. Serais-je le même que toi, serais-je à la hauteur du génétique. L’essence d’un destin est-il dans ce mélange d’ADN au fond des draps. L’oreille se tend dans la nuit. J’entends ou crois entendre ce premier cri là, d’une intensité indéfinie. La nuit est minuscule, il y a un calme abyssal qui émeut juste après. Le silence est tel que l’on ne l’a jamais connu dans cette émotion. Le silence est nouveau né. Quelqu’un m’a demandé : pourquoi écrire? Pour écouter ce silence forfaitaire après le cri. C’est ça le son des naissances et des renaissances. Le silence après la douleur. L’expression d’une forme tacite de vie secrète.
En 1932, Oum Kalthoum vint chanter à Bagdad. Au même instant dans son lit de malaria et d’apatride sentimentale, Schwarzenbach écrivait Orients exils. A cette époque une jeune fille au visage de madone grecque chantait pour les Cheikhs. On dit que par jalousie, Oum Kalthoum organisa son assassinat. Elle se nommait Asmahan, fille d’un Prince Druze. Elle aurait pu être Yallé. Le seul chant qu’on retint d’elle fut Layali El Ounsi Fi Vienna, que l’on peut traduire par La mort à Vienne. L’amour puis la mort à Vienne, plus précisément.
Tu as longtemps considéré l’arabe comme une langue rude et acerbe, vestige barbare, tissu rêche. Tu clamais que ce n’était pas le genre de vêtement qui t’appartenait. Qu’une toge aux plis civilisés te revenait de droit, par une filiation florentine de mère, là où l’italien prend souche au plus pur latin. Cultiver une vie française t’as détaché d’un passé naturel, d’un dénuement de la nature que seuls les pays moins marqués par le paysagisme, peuvent encore posséder. De même que par la langue, tu n’as pu que développer une aversion presque occidentalocentrée pour ces femmes aux dents noires et aux visages tatoués. La mère aussi fut une de ces images à la sensibilité exacerbée et au pouvoir magique d’avoir pu s’adapter se couler dans cette culture des syllabes nasales et des glottes arrachées. La vision déformée des femmes vient de là, de ces rites ignorés, du non-dit de la société de l’islam, de cette force mystique de la mère caméléon, de sa force masquée par sa sensibilité. La vision déformée des femmes vient donc de l’inconnu, du caché et du mystérieux. Voilà peut-être ce que tu cherches derrière une hanche duveteuse et une pointe de sein.