Archive for avril 2010

Chemins

26 avril 2010 Comments Off

A la merci du quotidien nous voici sur le quai de la gare à ne pas prendre les mêmes trains. Quand il sera vingt heures et quarante-sept minutes ce mercredi vingt-huit avril dans cette gare sinistre, j'aurais fini ma course sur l'orbite de cette moche planète du fric.

Grenoble sera toute crépusculaire avec ses tramways longs et fantomatiques. Quand je serais sortie là est-ce que ce sera pire est-ce que ce sera mieux. Tu es dans ton hôtel tout froid, moi dans mon lit devenu presque inconnu mais à quoi servent tous ces objets qui m'entourent, ces lampadaires, ces coussins et cette pièce aux quatre murs? A quoi servent les livres et l'écriture. Je ne me souviens plus pourquoi j'ai tant de matériels et de fast food à l'âme quand tout ce qui m'importe c'est le ciel et le dehors, les parfums d'hibiscus, le soleil qui dort. Est-ce que je vis ici, qu'est-ce que ça fait d'abord si j'ai déjà cet en-moi, celui qui vaut de l'or.

Et là sur ce quai de gare mes bras sentent les conifères de la montagne, l'herbe polluée des pentes et le souffre des bombes à tag, dans l'odeur rien est en trop mais la tienne me manques en un jour. Et
entre Saint Julien et Berne je pense au mystérieux soleil qui s'éteint là maintenant juste entre tes mains, c'est celui sur mon poing sans saveur sans rien qui pourtant est le même.

C'est dans cette nuit noire et sans valises que je me souviens de ces matins où tu fais du lundi un dimanche rien qu'avec la lumière et le petit déjeuner de
ta bouche chaude. Et sans patrie sans terre, sans argent, sans sacs ni œillères, je n'ai rien à oublier, ni rien à penser. Si ce n'est que l'éveil n'est pas loin, l'espoir n'est pas perdu et qu'il nous portera.

Invisibles étoiles

22 avril 2010 Comments Off

Je crois que la vraie vie c'est ça, c'est cette découverte tous les jours d'endroits que j'ai pourtant déjà parcourus mille fois. Aux Halles Paul Bocuse, je passe mes midis au comptoir Corse entre vin blanc des falaises et melon frais. La place de l'Europe nous retrouve pour des cafés noirs avec quelques anarchistes perdus dans la ville et dont je retrouve les phrases sur les papiers Outrage dans les locaux de radio Canut.

Trainer les pentes et leurs shops aux affiches multicolores, courir à perte haleine avec mes pieds ou un vélo. La liberté est cette brèche en moi de milles possibilités. Je crois que la vraie vie c'est ce prisme qui se développe entre mes mains, des péniches en soirées aux filles léopard, de la lingerie Chantelle, des gares de périphérie, Grenoble et sa terrasse devant le tramway A où je prend mon verre au soleil quelques fois. Quand on prend le café aux Arcades, que rien est fade et tout est drôle, qu'après deux cents fous rires et autant d'orgasmes, je pourrais en avoir marre mais non.
Même quand tu me réveilles à huit heures un samedi parce que tu veux du saumon à cinquante-neuf euros le kilo.

Et puis Lyon, féline et paisible.

Le huitième, et le squat en face derrière les murs, dans la rue Paul Cazeneuve, la place vers Montplaisir Lumière où on fait du stop pour trois cent mètres et où on tangue tellement on rit, ivres de rien ivres de tout. Je crois que la vraie vie c'est ça. Quand tu me demandes si je suis heureuse avec toi, que tu trouves qu'on a de la chance. Et que moi je sais que c'est le jackpot, qu'au loto de la vie là c'est l'euro million.


Follow your heart

19 avril 2010 Comments Off

Dans cette chambre d'hôtel mon cœur et moi, il y a quelques mois: je n'avais jamais été la princesse ni l'ange de personne. Pourtant ces plumes qui parsèment le lit, elles viennent bien de mon dos et naissent à la racine des reins. Mes ailes invisibles et légères , elles sont entre tes doigts et forment notre refuge, notre maison à nous comme tu l'appelles.

Quand tout le reste part en vrille, que le système est un tortionnaire fou, nos imaginaires sont des hommages au monde qui s'éteint quelque part.

Tristes printemps.

15 avril 2010 Comments Off

Lyon est étalée sous la lumière, corps urbain multiforme et mouvant de l'aube au crépuscule.
Sur le jardin des pentes, quand elle disait qu'elle aussi elle avait des souvenirs, je me suis demandé si c'était aussi ce genre terrible qui surgi de l'oubli et terni parfois mes rêves, mes nuits.

Ce soir là entre les pruniers sans fleurs et le grand escalier, il ne restait pas grand chose de moi.
J'étais pieds nus sur le bitume, c'était froid au final, l'été avait déserté ce morceau de planète jusqu'au bout de mes doigts. Sur la peau, cette sueur salée qui rappelle l'os nu de l'animal mort sur le coté des départementales, sauf que nous n'étions pas en vacance, que j'étais encore humaine et que cette voiture à folle vitesse qui me roulait dessus, elle faisait des aller-retours de la carotide à la nuque, en silence. Toujours en silence.
Je n'étais pas morte non plus, la vie elle criait de partout dans le sang, je la hurlais de partout parce que cette existence de dégoût et de noirceur, je l'avais déjà vécue toute seule et que non, moi j'étais pas si terrible. Je voulais juste cesser d'être cette personne qui disparait dans l'horizon. Je n'avais pas survécu à des accidents plus intimes pour être brisée à nouveau. Entre toi et ma main dans ma gorge, rien à voir: au final, il n'y a personne qui a su me faire du mal comme je me suis défaite moi-même. Là où tu m'as appris le dégoût et cette conjugaison du Nous si malsaine dans son esclavagisme, j'en ai tiré le bonheur d'être libre et de m'aimer d'abord. Là où tu m'as transmis l'angoisse du soir qui tombe, et les matins sinistres j'en ai gardé le bonheur du lever de soleil sur cette terre qui se renouvelle. Là où tu m'as enseigné le goût de l'égoïsme à dix-huit ans et les ravages de l'alcoolisme à dix-neuf, j'en ai retenu la ferme conviction qu'en effet, mes vingt ans ne sont pas inoubliables.

Je n'avais pas besoin de réapprendre le bonheur ou de me retrouver: sous ces quelques années noires, je savais bien que je refleurirai. La joie de vivre, elle m'a portée quand je me suis confrontée au miroir, quand j'ai gagné la bataille contre ce moi terrible. Personne ne pouvait m'anéantir, encore moins toi qui, une fois le voile ôté, parait juste malade, emprisonnée. En novembre, bien sur que j'ai mangé, j'ai dévoré la vie même, le soir qui tombait ne m'arrêtait pas, j'étais si bien avec moi-même, peu de biens matériels n'avaient d'importance. Quelques vêtements, une brosse à dent et je dormais sous toutes les villes, toutes les étoiles, bercée par mes poignets tous nus et mes jambes qui pouvaient courir jusqu'à n'importe quel rivage. Je n'avais pas besoin des autres, mes amis étaient là. Nul besoin de souffrir, plus je pansais mes plaies plus ça faisait sourire: elles ne reviendraient plus. Même la croix sur mon ventre, elle est partie. Le reste est dans ma mémoire et si je veux l'écrire, c'est parce que je me souviens de l'unique printemps triste de mon existence.

On est sur l'esplanade au dessus du jardin des pentes et je me souviens. Et Elle, ses cheveux doux sur mes cuisses, ses yeux d'un bleu si beau, son sourire flottant, elle n'est pas parfaite non plus, mais je ne ressens que le bonheur de savoir être heureuse avec moi-même et de l'aimer comme je m'aime, comme j'ai toujours aimé, de manière inconditionnelle.

Et sur le jardin quoique je pense, quelque soit le souvenir qui vaut la peine de se taire,
Je ne me suis jamais sentie à la fois paisible et passionnée aussi longtemps.
Mon apprentissage du bonheur, si simple et si intense, personne n'avait su le faire,
Personne ne m'avait donné de si belles heures en si peu de temps.

Avec le coeur et la raison

13 avril 2010 Comments Off

Le quotidien s'étire en bande de nuages capricieuse au vent battant.
On dit qu'on change même si on ne sait pas vraiment.
Je m'enfouis dans ton cou qui se cabre et dans tes bras qui s'ouvrent à moi, dans ton bonheur spontané et intense,
comme le ciel ce soir là sur les pentes,
au bord du Rhône et des lumières, nous sommes l'eau et le feu,
le serein et l'ardent.

Fragile, Opale

7 avril 2010 Comments Off



Ma fleur fragile au cou, toi que je n'ai pas su voir
Et à qui j'ai donné ma bague sur ce quai de gare

Tu es venue dans mon monde et c'était pâle
Un dimanche de décembre, si tard
J'ai gardé mes doigts nus pour ne pas oublier
Que c'est toi qui le porte ce cœur là l'Opale

Ma ville est à la Nuit.

2 avril 2010 Comments Off

Hier soir le beau temps faisait rage sur les terrains semi vagues de terre brune du campus universitaire ton jean et moi on te regardait jouer au foot dans ce crépuscule presque d'été presque sauvage avant d'aller suer sur le bitume je me suis dit que c'était ça d'être heureux, se trouver soi et son corps quelque part où s'épanouir en toi et ton corps à toi avec le changement d'heure,la nuit ne parait plus tomber et avec la nuit je rêve de tempêtes qui s'abattent le présent s'éternise le futur se délite

l'émerveillement dure.