Je crois que la vraie vie c'est ça, c'est cette découverte tous les jours d'endroits que j'ai pourtant déjà parcourus mille fois. Aux Halles Paul Bocuse, je passe mes midis au comptoir Corse entre vin blanc des falaises et melon frais. La place de l'Europe nous retrouve pour des cafés noirs avec quelques anarchistes perdus dans la ville et dont je retrouve les phrases sur les papiers Outrage dans les locaux de radio Canut.
Trainer les pentes et leurs shops aux affiches multicolores, courir à perte haleine avec mes pieds ou un vélo. La liberté est cette brèche en moi de milles possibilités. Je crois que la vraie vie c'est ce prisme qui se développe entre mes mains, des péniches en soirées aux filles léopard, de la lingerie Chantelle, des gares de périphérie, Grenoble et sa terrasse devant le tramway A où je prend mon verre au soleil quelques fois. Quand on prend le café aux Arcades, que rien est fade et tout est drôle, qu'après deux cents fous rires et autant d'orgasmes, je pourrais en avoir marre mais non. Même quand tu me réveilles à huit heures un samedi parce que tu veux du saumon à cinquante-neuf euros le kilo.
Et puis Lyon, féline et paisible.
Le huitième, et le squat en face derrière les murs, dans la rue Paul Cazeneuve, la place vers Montplaisir Lumière où on fait du stop pour trois cent mètres et où on tangue tellement on rit, ivres de rien ivres de tout. Je crois que la vraie vie c'est ça. Quand tu me demandes si je suis heureuse avec toi, que tu trouves qu'on a de la chance. Et que moi je sais que c'est le jackpot, qu'au loto de la vie là c'est l'euro million.