Mon amour coté fenêtre

18 décembre 2011 Comments Off

Une ombre se profile, deux. 
Toi et moi sur les bords du parc Koening Boudewijn, sous la neige. 
Les petits entrelacs et marécages sont gelés, les roseaux sont pliés, les cygnes et les oies placides attendent sous les bois. Le ciel reste bleu intense, le soleil troue la glace, rayons d'été tout contre l'eau. Je marche sans souvenir. La vie est blanche, les hôpitaux sont les mêmes de partout, Brugmann-Horta sent lui aussi le vieux formol et le médicament. Ma gorge brûle moins que mon cœur, et mon corps se farde d'impatience. Il faut encore faire sans. Je me balance dans un train, puisque tu viens plus tard. J'ai mon amour côté fenêtre et mes désirs coté couloir, l’œil pendu par la racine contre la vitre, les jambes prenant la fuite, sans savoir à quel paysage je me destine. 

On parle de soleil, de plages à l'infini, du Sud, tous ces autres pays. Et dans la nuit d'hiver, je regarde les photos de ces vies antérieures à Barcelone et Nantes, sans parvenir à trouver une photo à la hauteur de moi. Et contre les briques rouges, mon crâne est insensible. Oui le matin est beau là sur la mer du nord, oui les lumières sont belles, le quotidien est calme et doux, les autres sont beaux aussi. Tant de beauté qui remplace doucement la simplicité vibrante de mon corps allongé dans le canoé, les poignets dans l'eau verte.

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