C’est gare du midi, mais ce n’est pas le sud.
C’est Zuidstation, ces colonnes de béton gris et son carrelage façon années quatre-vingt dix. Menant au quai 6a-6b, je me suis assise sur un escalier. Je pleurais comme un enfant abandonné dans ce milieu de gare. Je pleurais et je n’allais plus jamais te revoir.
Quand je traine mon corps bancal le long de Vorstlaan et que je repense à toi à l’intérieur une valvule aortique s’éventre dans le soir. Ça coule par ma bouche, ma vie redevient noir et blanc. Toutes les couleurs sont restées dans l’été, dans le bruit des grillons, dans le fond des gorges de l’Hérault, dans la chaleur troublante des paysages de monts d’or et des iris rabougris par l’air de sec, dans les mangroves, dans l’eau froide et dans les galets, sur les places de village aux parasols imprimés, sur les marchés d'olive vertes, de tomates, de poivrons jaunes, d'épices et d'azalées. Toutes les couleurs sont restées dans cette dernière nuit où la lune était blanche et le ciel bleu Klein. Ma nouvelle vie est un hiver sans fin.