Février, nuit noire sans sensualité.
Les nuages sont restés bas toute la journée, la lumière était blafarde comme un néon d’hôpital. Le carillon de l'église Saint Pierre a l'air de ne sonner que des morts, je vois passer quelques camions crématorium. La nature aussi est sous terre, nous aussi d'ailleurs, les foules sont enterrées dans les métros, les voitures s'encastrent dans les tunnels, vaste voie lactée, nous rentrons tous à l'intérieur de nous, c'est une mise en bière généralisée. On s'essaie à l'hiver, plein d'amertume et de morosité.
Je tombe sur une photographie prise en Crète. C'est une photo de toi, toi que je vois cinq matins sur sept, mais que je ne connais pas. Je t'embrasse, te soutiens, tu me fais rire, tu sèches mes larmes comme une mère, tu me serres dans tes bras, tu me fait un câlin. C'est une sororité magique. Je te fixe sur cette photographie en Crète, inconnue, libre, mystérieuse. C'est un diner dans le soir chaud et moite, ta peau est tannée par la langueur du soleil. Ton sourire est énigmatique et le ciel est bleu même la nuit. C'est le mois d'août, il a l'air brûlant, et je ne t'avais encore jamais vue vêtue en blanc.
Les nuages sont restés bas toute la journée, la lumière était blafarde comme un néon d’hôpital. Le carillon de l'église Saint Pierre a l'air de ne sonner que des morts, je vois passer quelques camions crématorium. La nature aussi est sous terre, nous aussi d'ailleurs, les foules sont enterrées dans les métros, les voitures s'encastrent dans les tunnels, vaste voie lactée, nous rentrons tous à l'intérieur de nous, c'est une mise en bière généralisée. On s'essaie à l'hiver, plein d'amertume et de morosité.
Je tombe sur une photographie prise en Crète. C'est une photo de toi, toi que je vois cinq matins sur sept, mais que je ne connais pas. Je t'embrasse, te soutiens, tu me fais rire, tu sèches mes larmes comme une mère, tu me serres dans tes bras, tu me fait un câlin. C'est une sororité magique. Je te fixe sur cette photographie en Crète, inconnue, libre, mystérieuse. C'est un diner dans le soir chaud et moite, ta peau est tannée par la langueur du soleil. Ton sourire est énigmatique et le ciel est bleu même la nuit. C'est le mois d'août, il a l'air brûlant, et je ne t'avais encore jamais vue vêtue en blanc.
Ce soir de février tu sais les nuages sont si bas, la lumière si blafarde. Je ressens cette douleur sourde de sentir en un instant l'absence glaçante du ciel caché sous les nuages. Il n'y a plus d'immensité. Et cette mer est si loin. Et je te vois chaque matin enroulée dans une laine, t’arque-bouter à ton bureau sans entrain. La Crète est loin, je sais. J'ai alors une nostalgie si puissante de l'été, de l'autre coté de la cloison vitrée. Moi aussi je me meurs devant l'ordinatueur, moi aussi je m'échoue. Je n'ai pas de courage mais je veux sentir. Alors cette photographie de toi m'obsède puis me submerge. La tête au fond de l'eau, je veux sentir, tu sais. Je veux sentir le sel, je veux sentir l'orage, je veux entendre se rassembler les nuages en haut de la montagne. Je veux que ça gronde, que ça s'amasse, que ça menace. Je veux la pluie qui s'abat d'un seul coup sur bras à faire vibrer mes os, et puis que le brutal grand soleil nous terrasse. Être terrassée par ces beaux jours, être vivante. Comme toi dans ta robe de lin blanc assise sur le bord de mer à Paleochora. Toi qui est alors tout autre sur la photographie. Je repense à nos cœurs à qui ne demandent qu'à palpiter, notre peau qu'a frémir, nos corps qu'à grimper, marcher, se tendre, courir, se redresser. Nos yeux simplement voir sans lire. Et je te regarde penchée sur tes papiers, et je nous trouve si tristes.
Un jour peut-être irons-nous à Paleochora ensemble, enfin nous découvrir.