Quelques éclaircies timides dans un ciel gris. La journée fut lourde et terrible, pourtant le Bonheur était là alors pourquoi être triste. Il y a quelque chose en moi qui passe, qui va et vient, je ne sais pas. J'ai hâte que la vie se termine parfois sans comprendre. Cette année inutile. Ce futur hypothétique que j'ai du mal à définir. Le couple, qu'est-ce que c'est. Le couple c'est l'allocation du risque avant tout, avec pour roues l'Amour, qui menace de crever à tout moment. C'est allocation du risque de fusion, c'est la mise aux enchères de l'espace intime, c'est la colonisation du vide par des vêtements, des stylos billes, une brosse à dents que vous ne supporterez pas, bientôt, de voir disparaître. Tout va trop vite pour moi, en moi c'est tout d'abord ce flot étrange qui apprend et savoure la solitude à peine naissante, en moi c'est encore tout ce qu'il reste à travailler, cette pierre noire secrète qu'il faut tailler et faire briller, enlever le gravier. Hors moi c'est l'hypothétique avenir qui me rend craintive et maladroite.
L'avenir me fatigue, et le passé m'épuise. Le présent est ce lit défait que je ne sais pas refaire. L'ourlet au bas du pantalon que je ne sais pas recoudre. Quelque chose reste ouvert. Si tu me prends dans tes bras ce je s'effrite parfois sur les cotés. Parviendrai-je à recoudre le petit chemin de l'espérance. Des deux chemins, emprunte le plus difficile. Le choix n'existe pas dans les sentiments, tout est décidé par avance , mécanisme sibyllin de rouages antiques, confusion babélienne. Tu habites actuellement les milles étages de mon cerveau, mais tu parles parfois la seule langue que je comprends pas. Proche de l'araméen au silence millénaire, proche de la langue des signes, des mains. Pourtant la peau est le plus sûr langage .Parfois même dans tes bras je sentais que nous nous échappions, que quelque chose filait. Ton démon dans un coin et mon démon dans l'autre: ils se détestent ces deux là, ils sont fiancés à auto-destruction et à haine de soi. Mais quelque chose à l'intérieur nous pousse à croire encore: cet idiome que je tisse à la main, ces lettres sur leur lit de papier doux et enveloppant, ces mots comme des corps liés, cette enchevêtrement de salive et d'encre. Le langage de la lecture, errance, le langage de l'écriture, nudité.