La viande est le pendant de la chair. Renoncer à la viande c'est renoncer à cette partie sanglante c'est renoncer à la douleur à la mastication, à l'origine, c'est renoncer a l'antre. Au petit matin l'odeur de friture et le gras vibrant la poelle est un souvenir prégnant, de même que l'étal du foie gras sur le pain, de même que mon dégoût pour les abats. Renoncer à l'animal c'est renoncer à l'amertume des préhistoires, c'est renoncer à la nuit originelle, c'est renoncer à savoir d'ou je viens, d'ou je pourrais venir. Après nous je ne suis pas issue d'une goutte perdue dans les draps, je ne suis pas issue du souffle dans la chambre, je ne suis pas issue du secret. Dès le début, j'ai été divulguée. Dès le début j'ai dévoré les autres avec une voracité placentale, avec le plus grand darwinisme pré natal. Peut-être que la culpabilité vient de là.
Dans la nuit vivipare il y a eu une lutte contre le divin. Cette nuit vivipare on la retrouve parfois, les yeux clos, quand on essaie de distinguer le fond d'un fleuve, quand on se retrouve devant la nudité de n'importe quelle icone, rêve, réelle, peinte, humaine.
Seul dans le plaisir, rien n'est comparable, rien ne s'atteint. Pourtant dans la chair on la retrouve, cette nuit vivipare, cette origine. Les chrétiens pensaient que l'ascèse rapprochait de Dieu. D'autres religieux hindous au contraire, cherchaient dans le plaisir le moyen de trouver le pendant de son âme. To reach. Atteindre, la terre sainte, l'autre rive. Au milieu il y a ce fluide proche de l'oubli. Les grecs l'assimilaient au fleuve Léthé. On dit bien que manger peut faire oublier les tristesses. On ne dit jamais que faire l'amour puisse guérir quoique ce soit. S'ouvrir à l'autre est-il plus douloureux qu'ingérer? Sans doute, puisque l'objet n'est pas inanimé. Il y a l'anima qui entre en jeu, l'âme.
Les romains de l'Antiquité considéraient le plaisir sexuel comme une nourriture à la fois terrestre et céleste, comme le vin, comme les dattes et le lait d'amande. Comme la viande rotie est l'humanité. Comme le porc confit, les pattes de poulet grillé, la côte de l'agneau, la cuisse de Dieu. Peut-être que je me dégoûte de la viande par souci de me préserver de l'humanité, de la blessure, de la plaie, de l'ouverture des chairs, de l'afflux.
Dans la nuit vivipare il y a eu une lutte contre le divin. Cette nuit vivipare on la retrouve parfois, les yeux clos, quand on essaie de distinguer le fond d'un fleuve, quand on se retrouve devant la nudité de n'importe quelle icone, rêve, réelle, peinte, humaine.
Qui in carne sunt Deo placere non possunt.
Seul dans le plaisir, rien n'est comparable, rien ne s'atteint. Pourtant dans la chair on la retrouve, cette nuit vivipare, cette origine. Les chrétiens pensaient que l'ascèse rapprochait de Dieu. D'autres religieux hindous au contraire, cherchaient dans le plaisir le moyen de trouver le pendant de son âme. To reach. Atteindre, la terre sainte, l'autre rive. Au milieu il y a ce fluide proche de l'oubli. Les grecs l'assimilaient au fleuve Léthé. On dit bien que manger peut faire oublier les tristesses. On ne dit jamais que faire l'amour puisse guérir quoique ce soit. S'ouvrir à l'autre est-il plus douloureux qu'ingérer? Sans doute, puisque l'objet n'est pas inanimé. Il y a l'anima qui entre en jeu, l'âme.
Les romains de l'Antiquité considéraient le plaisir sexuel comme une nourriture à la fois terrestre et céleste, comme le vin, comme les dattes et le lait d'amande. Comme la viande rotie est l'humanité. Comme le porc confit, les pattes de poulet grillé, la côte de l'agneau, la cuisse de Dieu. Peut-être que je me dégoûte de la viande par souci de me préserver de l'humanité, de la blessure, de la plaie, de l'ouverture des chairs, de l'afflux.