Archive for juillet 2015

Chouffou Ma Sar

7 juillet 2015 Comments Off


Wezembeek-oppem, dix-neuf degrés


Cet été est littéralement chaotique, certains jours il pleut sans discontinuer, et d'autres jours une chaleur étouffante s'abat sur le bitume et grille les plantes déjà pourries par la mousson de la veille. Est-ce que c'est maintenant le réchauffement ? Ou est-ce que l'hiver prochain durera trente ans, on ne sait pas vraiment. Mais ça sent mauvais sur cette planète, peut être que c'est déjà complètement métastasé.
Je rénove ma maison et refait mes pavés sans penser à demain,
Nous ne sommes que des fourmis tu vois.
Nous avançons dans le néant, nous franchissons sans cesse des obstacles invisibles.
Nous nous aimons tous beaucoup, et si peu à la fois. 

La plus belle et la plus difficile

4 juillet 2015 Comments Off

Porto Azzurro, vingt degrés

L'été est arrivé au mois de mai, quand nous avons rempli consciencieusement la Skoda rutilante de nos cartons pâtes, guirlandes, origamis une vraie papeterie, valises, crèmes, cheveux, corps et âme, livrets de messe, icônes, nous partons en pèlerinage oui, nous partons en pèlerinage pour la vie. Juste au dessus de l'amoncellement de sacs, pochettes, chaussures, délicate, j'ai déposé ma robe de mariée enserrée dans sa housse, précieuse pour si peu de temps. 

Je me vois vivre avec empathie. Je regarde cette fille qui évolue sur la plage, ce sourire, cette rose montée sur mélancolie, je caresse mes pétales en leur demandant dans un murmure de ne pas trop vite vieillir. Nous nous retrouvons tous sur l'île d'Elbe, vous, nous, tous ensemble le long de ce soleil aveuglant, de cette nature immense, de ces eaux transparentes, j'ai voulu de la beauté à en couper le souffle, j'ai voulu qu'on s'en aille, car c'est un peu des vacances du moins pour tous ces invités, en apparence.

J'ai voulu revenir, ici. C'est l'Italie que vous avez quittée par le port de Naples, c'est l'Italie l'éternel pays finalement de notre trio familial. Souviens toi: Gènes, le petit port, les trattorias où on mangeait la pizza aux anchois, les vacances de Pâques dans la campagne romaine, le vieux matelas qui s'enfonçait le bouillon de poule de Nanelle, le dos bossus de mamy Pépina qui donnait à manger aux lapins, la morsure du chien. Et puis les chansons. Toute ma vie restera une succession de tes chansons napolitaines. 

L'Italie, c'est nous trois, et la mémoire des morts avec.
Leur visage énigmatique des photographies, leurs départs, leurs décisions étranges qui me font exister, les questions que je pose : à qui est-ce que je ressemble, finalement? Qui était-il cet homme si élégant, cet homme qui n'avait pas besoin de quitter Naples, cet homme qui avait déjà une femme et un enfant. Qui était-elle cette femme au visage si doux, pourquoi a-t elle fuit Florence pendant la guerre. Qui êtes-vous? C'est aujourd'hui avec ma robe et mon voile de dentelle, aujourd'hui que je regarde mon visage au seuil de ce passé énigmatique. Je n'ai jamais rêvé de ce moment, mais qu'est-ce qu'il est beau d'être dans un nid fait de bras aimants, de regards, de réconciliation, de résurrection, de pardon.

Et me voici embarquée dans la plus difficile et la plus belle partie de l'existence. Elle commencera sur l'île d'Elbe dans ce village aux ruelles pittoresques.

Elle commencera dans ce froid et ce soleil fuyant de la mi-mai.
Papa tremble un peu en m'amenant jusqu'à l'autel
Je n'ose pas le regarder.
Je n'oserai pas vous regarder tous les deux de peur de me dévoiler devant cent dix-neufs inconnus.
Sommes-nous donc en route pour le bonheur?
Quelle fragilité.