Archive for 2010

Città in Città

22 décembre 2010 Comments Off

Parcourir ton odeur de ma mémoire
De ville en ville, 
Te respirer, me languir.

Amour

11 décembre 2010 Comments Off


Le Touquet Paris Plage - août 2010

L'odeur de l'été et de la mer, 
Lyon mon dernier hiver.

De ma vie

7 décembre 2010 Comments Off

Ange 
 Montpellier, mai 2010

Pollution anthropique

1 décembre 2010 Comments Off

Fond de Givors contre les étoiles, tête entre deux chantiers, corps en mode viande vivante. 
Noël approche et une mélancolie sourde gagne les temps morts. Il neige de partout ça glisse, le temps fait des montagnes russes, la solitude quotidienne s'aiguise dans le grand bureau gris.

Grande Réserve

29 novembre 2010 Comments Off

Les bouteilles de Champagne cuvée hiver avancé valsent dans mon crâne.
C'est un dimanche moche et ordinaire où on l'est encore en vie et où l'on se célèbre quand même. Comme quand tu danses à sept heures du matin quand je viens d'ouvrir les yeux.

Je ne travaille plus dans ma tête c'est jackpot intérieur à toute heure, les promesses de voyage s'accumulent comme autant de promesses faites à nous même de vivre à feu et à sang. Dehors c'est la guerre, je suis imperméable. Peu importe la durée de cette trêve entre tes bras. Le Nouvel an sera sur la Costa Brava. Rien est irréalisable, alors. Quand je cours dans la gare le matin le long de ce couloir interminable, je fais des sauts de chat je slalome dans la foule, je joue au funambule sur le chantier en face de la Gare sur la rue Pierre Sémard, je fais des plans sur la comète et puis tant pis si un jour tout me tombe sur la tête.

Et puis San Francisco.
Bleu du ciel, soleil filigrane par les persiennes de mon cerveau: une baie translucide, odeur de sel et d'essence. De sueur. De peau qui se dévoile, je veux l'été avant l'heure.

Lyon a pris un manteau de fête criard mais agréable, et le temps est moins glacial qu'au coeur de la Villeneuve quand je marchais contre les éléments entre deux HLM. La neige endort la rue, animal enragé piqué au froid.

Regional Express

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Le ciel est si bas qu'on pourrait effleurer les nuages du doigt et se fondre dans la brume, coton d'anonymat. Devenir cette foule d'inconnus, devenir les rues et les champs gris, les bruyères, les petits ruisseaux et les morceaux de buis. La route de Grenoble dans le paysage givrant et les feuilles mortes est d'une tranquillité morbide. Le train glisse dans l'hiver, sur ce trait de suif entre les montagnes et leur linceul blanc. A l'intérieur du régional express il y a comme un recueillement dans le silence, l'appareil à annonces est cassé, la lumière aussi. 

C'est comme si l'aube n'allait jamais se lever, que ce sera l'aurore tout le temps des cimes jusqu'aux vallées, et qu'on va continuer cette route entre les cols, machine magique et mystérieuse, jusqu'à l'Italie, rouler vers les lacs et leur surface miroir et leur infini calme. Traverser Vérone, Côme, les cours d'immeubles ornementées, les jardins. Et puis poursuivre à l'Est, infiniment. Infiniment s'étirer dans la brume, se ceindre de brouillard. Rendre mes mains, mes yeux, me disperser à l'étang. Dissoudre le physique, chaque atome, ôter l'obligatoire. 

A présent, je suis seulement mon Cœur, petit rouge palpitant, traversant la vitre, voguant toutes veines dehors à travers les montagnes. L'aorte à la nature, nue dans un champ de blé à moitié mort à moitié germé. La Tour-du-Pin, Voiron. Il parait si loin ton corps, chaud, humain, réconfortant.

L'Ange dans la Villeneuve

23 novembre 2010 Comments Off



Grenoble, Garder l'éclat de ton regard dans le gris pré nuptial
Un degré avant neige,
coursive vingt-deux bâtiment C
Arlequin nord, milles murs et milles escaliers.

Faire banlieue buissonnière un jour sur deux, me rompre les os entre ces cathéters immenses et cimentés. Je ne sais pas aller en cours toute la journée, toute la journée me fondre dans cette jungle humaine, leur parler. Je préfère les ballades entre les arbres qui sortent des fenêtres, les petits ponts suspendus entre les allées, les bâtiments qui s'enchevêtrent, les salles de bains à l'air libre, les loubards, la Villeneuve oubliée, les tags sur les flancs, les hanches du quartier abruptes et tatouées. Le manque et l'angoisse se côtoient, on sent que c'est l'hiver et que ça pue l'exil, et puis que je me suis plantée de ville. Une furieuse envie de rentrer m'emporte à bout de bras. Ce que je fais ici, je ne sais toujours pas. La vie est mieux quand elle est avec toi, que tu sers du champagne un lundi sans raison mais qu'il y en aurait mille. Quand tu joues avec la corde, avec mes cheveux, avec mes mains. Au fond des cercles creusés dans les murs de refend je me défais. La nuit tombe vite, la fête est loin. Il ne reste que les reliefs de repas pour les chats dans le petit parc mort de la Cité Arlequin. Le bruit d'une fusillade, l'odeur des joints fumés avec quelques inconnus au fond d'un local noir, en attendant que les fous-furieux passent. Les chansons italiennes fredonnées par un certain Khaled édenté au sourire de mon père. Une bière prise au hasard devant la salle d'attente du dispensaire de la rue Constantine. Je n'ai plus de quoi payer le laboratoire. Grenoble pauvre et salie par la neige envahissant les rues. Ça sent l'exil, mais je préfèrerai être ailleurs. Le long de la Costa Brava.

Le souvenir de la mer

18 novembre 2010 Comments Off

Le port de Barcelone, octobre 2010

Dès que tu reviens, quelque chose en moi se tort et se retourne, s'agenouille à tes yeux, à l'autel du hasard.
Solaire, ta nuque sous la couette, c'est mon petit matin.
Celui que je ne vois plus, aveuglée dans le train.

Ce soir sous le pont ferroviaire, dans cette solitude abrupte qui fait de novembre une nuit constante et lourde et un peu douloureuse, je marche brutalement. Mes jambes griffent l'asphalte jusqu'au PVC moche de la gare Rive de Gier, jusqu'au parquet ancien après le cours Vitton. Faire mourir mes pieds, mon corps et tout ce qui reste sur le canapé, entorse de fin de journée. Et dès que tu reviens, fondre jusqu'à ton cou, glisser dans le tout calme, s'arquebouter jusqu'au bout de ta petite main jusqu'au creux de tes bras où le vacarme meurt. Ni bruit des machines mondes, ni sytèmes à deux balles. Ni presse gratuite hostile, ni foules anonymes. Un bonheur tranquille grille les mondanités. Rien ne sert de parler.

Emmène moi encore, où tu veux ça m'ira, Barcelone ou Berlin, Sourdun ou Ankara. Je sais que mes faiblesses m'accompagnent, comme un fidèle amant. Que j'ai peur que tu me laisses sur un coté de route, que j'ai peur des nuits sans tes bras des nuits sans moi sans ton odeur sans saveur, de Grenoble et du froid.

Enchâssée entre les montagnes, ne reste que le souvenir de la mer. A Lyon les feuilles rougeoient dans le parc quand il y a quelques semaines nous riions dans le sable, prenions des tramway climatisés au hasard enlacées aux stations. La plage était musicale et les jambes dénudées, les terrasses la nuit étaient bondées et l'on vivait pour quelques temps sur le lever de soleil place Catalunya, sur les marchés catalans fleuris de fruits et d'épices, sur cette terrasse du bari gothic où je t'aurais presque épousée. Les rues étaient bordées de palmiers autant que de touristes, ça sentait la charcuterie locale, les petits poissons et le chocolat chaud. Les parcs étaient si lumineux que les photos sont blanches.

Bip bip strident au fond de la mezzanine de bois sombre,
Obscur mardi matin sept heures un neuf novembre.
Anachronisme brut du bruit des mouettes sur la corniche de Barceloneta.
Sur ton parfum, animal et suave, juste à côté de moi
Il est samedi quinze heures, avril entre les draps.

Urbains multiples

8 octobre 2010 Comments Off

Lille - août 2010

Mon coeur plein d'eau et mou au fond de l'eau, noyé dans le bonheur. Le quotidien est désormais démultiplié: les nuits se passent en général au fond du Rhône, dans notre appartement sur la Place Lyautey, le matin arrive sur les afluents du Gier au fond d'un train express qui fait tomber mon café, puis certains soirs se fanent au dessus de l'Isère, en dessous des glaciers. C'est l'hotel à la fois miteux et vintage des Patinoires. La chambre 16, sa grande baignoire verte, son décor éternel des années 80. Mes cartons de pizza s'amassent sur la moquette. En bas les boutiques de tattoo s'alignent en file indienne. Les jours sont fait d'errance sous les montagnes et les baies vitrées, de bâtiment durable dans des salles surchauffées, de froid qui me saisi aux larmes dans les grands escaliers.

Sous les vaguelettes d'eau froide et de feuilles d'automnes, mon bras s'agrippe à la rive.

Hormis cette semaine étrange de sociabilités, une solitude solide s'invite dans mon nouveau bureau aux trois petites fenêtres. Posé sur la place du village, un donjon des années soixante abrite mon antre grise où je découvre en un jour le statut de prisonnière, et à travers la vitre, toutes les nuances de lumière, jusqu'à la nuit noire à dix-huit heures l'hiver.

En vampire amoureux, c'est le Rhône que je bois, la nuit Lyon. Là bas ta peau, avide, enfantine et rosie, mon armure dans ce froid, mon havre dans le chaud. J'ai le cœur plein de ces eaux multiples, boueuses et torrentielles, charriant quelque chose de muet qui tente de se dire, quelque chose pour expliquer pourquoi dès que je prends le train je ne rêve que de revenir.

Coeurs Hublots

11 août 2010 Comments Off


Contre la mer de nuit je serre la rive de sa taille quand elle agrippe ma main il y a deux étoiles en synchronisation dans mon cerveau supersolaire. Je veux habiter tes rêves et voguer à l'intérieur de toi par des vents inconnus.

La folie est cependant mise en suspension pour des questions matérielles, alors on joue au poker sur la terrasse en attendant un nouvel air; dans quelques jours, on roulera jusqu'au Nord. Te découvrir encore, voguer pour une nouvelle année, passer quelques contreforts, quelques rails d'écume à lécher contre tes reins. Contre tes seins ne jamais s'arrêter.

Contre le mur

4 août 2010 Comments Off


Villeurbanne est toujours traversé par une rivière de voitures roulant sous un soleil plombant. Au loin sous les arbres, le quartier juif voit passer mon vélo à toute allure. Pédaler jusqu'au lac, vivre sous l'eau et le soleil couchant dessus. Au loin sur le périphérique, les gens s'agglutinent à la mer. Je sais de moins en moins où j'habite, si c'est au fond contre les algues ou de l'autre coté sur l'île de cailloux minuscules. Peut être que c'est perdu depuis longtemps, à force de lits traversés depuis que j'ai franchi le palier sans paillasson, sans rien. Celui à même le sol tout sale d'un 18m² où on regardait des films de série B jusqu'à l'aube avec mes yeux tout injectés, celui du futon du studio aux plantes vertes près du métro Ampère. Celui sous les étoiles banlieusardes avides de la Lune. Celui dans la chambre verte avec Andy Warhol perçant mon corps tout nu, et ce lit de Bonheur.

Maintenant nous revoilà, Place du Maréchal Lyautey, Foch toujours, plafonds à la française, baignoire blanc brillant.
Mon cœur contre le mur, petit et tremblotant. A coté de l'entrée, le sac à dos que j'oublie quand elle m'embrasse. La liberté, je l'oublie quand elle m'étreint. Quelque chose d'amertume glisse dans ma bouche, quand j'ose et je me trompe. Et la valise collée au dos sent l'hiver comme l'été. De décembre à juillet, à la peau même bitume, même plaie.

Derniers Jours

25 juillet 2010 Comments Off

Lyon, golden boy urbain - Juillet 2010

Des semaines à cultiver des fleurs dans notre monde infini, entre banlieue et centre-ville. La chaleur est partie, et avec elle cette nervosité ambiante qui prenait à la gorge et ramonait le ventre. Il ne reste plus qu'un vent frais qui balaie les lacs où on se baigne, l'odeur de l'herbe et de la pluie en vélo, le soleil qui se couche doucement sur l'eau. Le quotidien est une évidence de bonheur naturel et de baraka continuelle. Le petit quartier est calme dans cet été déjà à moitié terminé. Je prépare mon affrontement au monde de manière méthodique entre deux TER, puis je traine comme un chat errant dès que tu n'es pas là. Comme si respirer était plus difficile, il y a une sorte de petit caillou à l'intérieur qui vrille ma machine, qui me surprend parce qu'il est lourd et m'empêche de dormir, qu'il rend les paysages sauvages et les heures moins faciles.

Identity

12 juillet 2010 Comments Off

Soleil écrasant et chaleur sèche.
L'été et ce malaise qui prend à la gorge dès le matin.
Dès le matin où aller qui croire.

Quel dieu prier quel pupitre, je ne dois pas savoir. Les jours vont et viennent, je ne pense plus vraiment à ce que j'aurais pu être, ce que je suis vraiment. Au milieu de ce labyrinthe urbain, un monstre de bitume mange des corps suants. A Tunis, Marwen s'est coupé la main sur la presse automatique de l'usine, et tout le week-end j'ai eu par vaguelettes des images de moignon et une odeur de sang, malgré la suavité de sa peau, malgré l'amour, malgré le petit bonheur à deux milles kilomètres. Dépenser l'argent que je n'ai pas dans les cafés. La fierté et la soif me perdront, et puis la vie semble déjà passée de date alors à quoi bon.

Se laisser embarquer.

8 juillet 2010 Comments Off

Quelques adieux entre deux sangrias et ce soleil de fin d'ère illumine la cour, et ce grand drapeau sans signification. Voilà c'est sans retour, puisque rien n'est réversible. La dernière année fut la plus belle, à ne plus rien écouter ni croire, à goûter la vraie vie jusqu'à en oublier toute rationalité. Elle me dit en pleine nuit: maintenant il y a toutes les possibilités. Et je prie pour qu'une part de moi-même, tout au fond, puisse t'écouter.

Juillet est arrivé sans grande pompe, et je me retrouve encore dans ce salon où j'avais atterri un dimanche soir de décembre, sans savoir même me situer. Et le matin est doux de ton corps chuchotant tout mouillé de la douche, et puis du mien, félin et endormi. Doux de ce vide qu'il faut bien apprivoiser. Sans chercher à combler par hasard, juste savoir comment tourner la page.

Amadeo

5 juillet 2010 Comments Off

Plus je regarde son visage plus ma vie se place entre ses mains sans que je n'y puisse rien.

Future solitude

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Villeurbanne, 5 juillet 2010

Avec mon sac à dos, l'âme jusqu'à ras-bord

Je n'ai ni maison ni travail ni tribord
Il n'y a pas d'hiver, mais je n'ai jamais aimé l'été
Et encore moins l'automne, où l'on se quitte avec l'année
J'inspire, bois et me nourris, et du plus fort possible,
De cette odeur de mer, d'amande et de mystère
Pour oublier que demain est un flou morbide et effrayant
De ventre vide et de corps fuyants

étoile

30 juin 2010 Comments Off

Fourvière

Je n'ai plus peur de rien et je file à l'aveugle
Astre fou d'amour
Au-delà de la nuit,
entre deux pianos téléguidés
Je vogue sans feux arrières en mode cœur comète
A la recherche d'un firmament, aussi loin que possible

Repousser l'atmosphère
du bout d'une seule artère:
Il n'y a qu'une seule étoile


Paris errant

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La place de la Bastille noire de monde, le corps contre un mur bleu ceint d'une insolation étrange, et d'une paralysie nerveuse. Tout le week-end tu te demandais comme moi ce que nous faisions ici à Montreuil dans cet appartement plein de bouffe, de silence et de plantes qui me rappellent que je n'ai pas la main verte, que nous mangeons très souvent au restaurant, et que je tisse un nous qui me submerge avec délicatesse. Dans ce quotidien qui n'est pas quotidien.

Paris était comme une poche de veste oubliée par quelqu'un d'autre, pleine de miettes moisies, de papiers sales, d'odeurs rances, dans laquelle ma main se promenait avec précaution par peur de rencontrer une épingle rouillée ou une épine de pin bien acérée. Dans cette ville sans souvenir après six heures de route, dans ce lit sans saveur si ce n'est celle de ta peau, odeur à laquelle je me raccrochais pour me convaincre que j'étais en sécurité, qu'avait-on à voir? Nous aurions pu nous enfouir dans notre monde d'or et de lumières, portée par ton sourire, au lieu de s'étouffer entre deux RER. Tu es mon ancre et ma maison, dès que tu n'es pas là le monde entier n'est que constante remise en question.

Je suis venue à Paris pour une blonde inconnue qui m'avait sauvé la vie un soir de septembre il y a quelque années. Je me souviens de ma robe jaune moutarde toute terne m'arrivant mi-cuisses, de ma poitrine plate et ma respiration sifflante parce que je ne savais plus comment vivre avec moi même. Avec mon café noir à vingt-deux heures et ma mine ravagée tu m'avais dit que j'étais malade mais moi j'avais pas bien réalisé. Où étaient les autres à ce moment là? Les voitures allaient et venaient dans le début de froid, je marchais à pied jusqu'à l'épuisement et il n'y avait personne. Personne n'est là dans l'autodestruction. Il n'y a qu'un long solo où l'on ne souhaite pas se regarder.

Devant quelques lumières à Paris, ma main contre son bras, ma bouche contre son cou, je sais qu'on vit très bien à Lyon, que j'aime les terrasses, la Croix-Rousse, les petits restaurants, le soleil de printemps, le petit matin, Musset et la danse. En attendant, entre deux grands boulevards et un cortège, cette fois ma robe était jaune soleil et elle illuminait le quai, station Nation, onzième arrondissement. Elle n'en revenait pas pour mes cheveux et mon corps refleuri à ce point. Tu sais certains soir je n'en reviens pas non plus parce qu'il a refleuri d'un coup sans prévenir. Et puis j'avais peur de te voir tant le temps a passé. Sommes-nous les mêmes personnes. Cette fille qui ne sait pas ce qu'elle veut faire, qui ne sait pas comment se définir. L'alphabet s'était stoppé quelque part et quand je me retourne, je vois bien qu'il est tard; je me découvre à peine, tant j'ai cherché à me recouvrir d'une autre.


Rendre caduques ces noces barbares d'existences auto-immunes
Réduire le Passé tout maigre face au présent si beau
Où je me réapprends

Que faire du vide

4 juin 2010 Comments Off



Quand je marche sur l'asphalte franco française et que revient l'odeur de la mer au golf du cap Bon en plein hiver, que faire?

Il faut partir et continuer de façonner et de chérir la vie heureuse.
Pendant des heures la détailler, cette existence entre terre et eau salé: des camaïeux de rose du bout des seins aux lèvres, juste un cil oublié, un peu de sable argenté comme l'écume.


Quand je ferme les yeux sur ce panorama tout gris, je nous revois, insulaires à tout, sans port et sans attaches; sinon ton image d'Ange ancré à mon Autel, statue de sel et de lumière. La mer était comme le bonheur, infinie. L'eau froide montait sur mes seins par vaguelettes, le soleil était comme ta bouche, et le corps nu et solitaire sur cette plage rendait avide de monde entier. Maintenant que faire du vide. Je me languis déjà.

Karma Kode

11 mai 2010 Comments Off

Plus que quelques heures avant d'avoir le même sourire que cette photo de moi dans ce codex amoureux noir et blanc où j'étais ton plus beau problème. J'ai de moins en moins d'argent et de plus en plus de bonheur. Bientôt on ouvrira du champagne encore une fois pour cet avenir renouvelé pour un temps, ces désirs, pas plus d'idéaux, pas plus de vingt-trois ans.

Underneath

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Dès l'aube la pluie battante résonne à l'intérieur. Le corps abîmé dans les draps, tourné sur lui-même dans cette solitude vide et désagréable. Ce soir, attends moi dans l'impasse, l'eau coulera sur tes vitres, mon visage, mes mains, mes subdivisions. On dormira dans la voiture ou sous la tente, on roulera sur l'autoroute sous l'averse grondante et dans la nuit, la musique et le calme un peu étrange des conversations du corps, des arbres sous le vent, je frémis doucement. Il me reste quatre jours à vivre, je ne sais pas où on pars, je ne compte plus vraiment. Tu me portes loin du monde, à Tunis, à l'autre bout du monde. Yeux clos, mon sommeil est si calme contre toi. Je ne compte plus, vraiment.

Au Lointain

7 mai 2010 Comments Off

Encore un quai de gare dont je prends l'habitude, une ivresse d'un soir, une nuit familière. Les tableaux de Warhol au mur, surtout celui central, murmurent toujours les même injonctions tacites, incartades à l'univers. Une envie d'arrêter la machine s'impose, ce n'est pas le moment, la production est lente, l'ouvrière est distraite. Le petit jour pointe, j'ai envie de nature, d'escapade et de mer.

Quand viendra le moment de se défaire du monde? Je me débats je me débats.

Cinq Juillet à l'intérieur

4 mai 2010 Comments Off

Vingt-huit

Il me faut quelques heures pour vraiment rater deux fois l'entrée de Grenoble et prendre les embouteillages ,deux fois encore avant d'abandonner la voiture dans une station service et de courir au premier tram. Il est à peine huit heures, on roule depuis l'aube. Le soleil perce tout sur son passage. Cette chaleur d'été ,soudain déshabillé, me fait vivre encore plus.

La vie est un grand trou, bouillant comme une promesse. Tout est immense et noir et je suis toute petite: de l'habitacle à la cour intérieure, tout est bien inconnu, mais pour si peu de temps. Dans un couloir s'impatientent des garçons en cravate et des filles essoufflées de paraître. Je suis mal boutonnée, ma chemise me serre aux seins, mes cheveux longs s'emmêlent, au fond, je fais grande impression, Vous êtes fiers de moi. On dirait ces rêves où le flou est tout mauve, et tout paraît facile et abondant.


Quand je te retrouve sur le quai, je me demande si ce sourire si beau est mon amour, vraiment. Si j'ai tant de chance que ça. Et tant qu'à seulement rêver, autant vivre quand même. Il y a tant de bonheur qu'une partie de moi tremble, l'autre rit de bon coeur. Il y a des fortunes qui sont presque au dessus de l'avenir, supérieures à la peur. Puis cent ans de malheur contre
une seule nuit avec toi, je prends. Le grand procès des sentiments me condamnait dès le début à aimer à l'aveugle et à donner à sang. Et quand tu sors du train, et que moi je reviens et multirécidive, infatigable à toi.


Suite opus, Plan Hiver 2.

L'odeur de Tunis est partout, la pluie arrive après. Et avec le froid et le triste novembre en mai, c'est comme si le gouvernement avait aussi décidé de supprimer l'été. A Berne aussi le temps est un peu sale, pas autant que sur ce quai de gare. Tu me dis que bientôt c'est notre tour et que je ne dois pas savoir quelle destination prendra mon kidnapping improvisé ce mercredi douze mai. Et moi je sens déjà l'odeur de la mer, et de la nationale, de l'herbe sous la rosée, de la nuit et de la liberté volée au quotidien si gris.

Chemins

26 avril 2010 Comments Off

A la merci du quotidien nous voici sur le quai de la gare à ne pas prendre les mêmes trains. Quand il sera vingt heures et quarante-sept minutes ce mercredi vingt-huit avril dans cette gare sinistre, j'aurais fini ma course sur l'orbite de cette moche planète du fric.

Grenoble sera toute crépusculaire avec ses tramways longs et fantomatiques. Quand je serais sortie là est-ce que ce sera pire est-ce que ce sera mieux. Tu es dans ton hôtel tout froid, moi dans mon lit devenu presque inconnu mais à quoi servent tous ces objets qui m'entourent, ces lampadaires, ces coussins et cette pièce aux quatre murs? A quoi servent les livres et l'écriture. Je ne me souviens plus pourquoi j'ai tant de matériels et de fast food à l'âme quand tout ce qui m'importe c'est le ciel et le dehors, les parfums d'hibiscus, le soleil qui dort. Est-ce que je vis ici, qu'est-ce que ça fait d'abord si j'ai déjà cet en-moi, celui qui vaut de l'or.

Et là sur ce quai de gare mes bras sentent les conifères de la montagne, l'herbe polluée des pentes et le souffre des bombes à tag, dans l'odeur rien est en trop mais la tienne me manques en un jour. Et
entre Saint Julien et Berne je pense au mystérieux soleil qui s'éteint là maintenant juste entre tes mains, c'est celui sur mon poing sans saveur sans rien qui pourtant est le même.

C'est dans cette nuit noire et sans valises que je me souviens de ces matins où tu fais du lundi un dimanche rien qu'avec la lumière et le petit déjeuner de
ta bouche chaude. Et sans patrie sans terre, sans argent, sans sacs ni œillères, je n'ai rien à oublier, ni rien à penser. Si ce n'est que l'éveil n'est pas loin, l'espoir n'est pas perdu et qu'il nous portera.

Invisibles étoiles

22 avril 2010 Comments Off

Je crois que la vraie vie c'est ça, c'est cette découverte tous les jours d'endroits que j'ai pourtant déjà parcourus mille fois. Aux Halles Paul Bocuse, je passe mes midis au comptoir Corse entre vin blanc des falaises et melon frais. La place de l'Europe nous retrouve pour des cafés noirs avec quelques anarchistes perdus dans la ville et dont je retrouve les phrases sur les papiers Outrage dans les locaux de radio Canut.

Trainer les pentes et leurs shops aux affiches multicolores, courir à perte haleine avec mes pieds ou un vélo. La liberté est cette brèche en moi de milles possibilités. Je crois que la vraie vie c'est ce prisme qui se développe entre mes mains, des péniches en soirées aux filles léopard, de la lingerie Chantelle, des gares de périphérie, Grenoble et sa terrasse devant le tramway A où je prend mon verre au soleil quelques fois. Quand on prend le café aux Arcades, que rien est fade et tout est drôle, qu'après deux cents fous rires et autant d'orgasmes, je pourrais en avoir marre mais non.
Même quand tu me réveilles à huit heures un samedi parce que tu veux du saumon à cinquante-neuf euros le kilo.

Et puis Lyon, féline et paisible.

Le huitième, et le squat en face derrière les murs, dans la rue Paul Cazeneuve, la place vers Montplaisir Lumière où on fait du stop pour trois cent mètres et où on tangue tellement on rit, ivres de rien ivres de tout. Je crois que la vraie vie c'est ça. Quand tu me demandes si je suis heureuse avec toi, que tu trouves qu'on a de la chance. Et que moi je sais que c'est le jackpot, qu'au loto de la vie là c'est l'euro million.


Follow your heart

19 avril 2010 Comments Off

Dans cette chambre d'hôtel mon cœur et moi, il y a quelques mois: je n'avais jamais été la princesse ni l'ange de personne. Pourtant ces plumes qui parsèment le lit, elles viennent bien de mon dos et naissent à la racine des reins. Mes ailes invisibles et légères , elles sont entre tes doigts et forment notre refuge, notre maison à nous comme tu l'appelles.

Quand tout le reste part en vrille, que le système est un tortionnaire fou, nos imaginaires sont des hommages au monde qui s'éteint quelque part.

Tristes printemps.

15 avril 2010 Comments Off

Lyon est étalée sous la lumière, corps urbain multiforme et mouvant de l'aube au crépuscule.
Sur le jardin des pentes, quand elle disait qu'elle aussi elle avait des souvenirs, je me suis demandé si c'était aussi ce genre terrible qui surgi de l'oubli et terni parfois mes rêves, mes nuits.

Ce soir là entre les pruniers sans fleurs et le grand escalier, il ne restait pas grand chose de moi.
J'étais pieds nus sur le bitume, c'était froid au final, l'été avait déserté ce morceau de planète jusqu'au bout de mes doigts. Sur la peau, cette sueur salée qui rappelle l'os nu de l'animal mort sur le coté des départementales, sauf que nous n'étions pas en vacance, que j'étais encore humaine et que cette voiture à folle vitesse qui me roulait dessus, elle faisait des aller-retours de la carotide à la nuque, en silence. Toujours en silence.
Je n'étais pas morte non plus, la vie elle criait de partout dans le sang, je la hurlais de partout parce que cette existence de dégoût et de noirceur, je l'avais déjà vécue toute seule et que non, moi j'étais pas si terrible. Je voulais juste cesser d'être cette personne qui disparait dans l'horizon. Je n'avais pas survécu à des accidents plus intimes pour être brisée à nouveau. Entre toi et ma main dans ma gorge, rien à voir: au final, il n'y a personne qui a su me faire du mal comme je me suis défaite moi-même. Là où tu m'as appris le dégoût et cette conjugaison du Nous si malsaine dans son esclavagisme, j'en ai tiré le bonheur d'être libre et de m'aimer d'abord. Là où tu m'as transmis l'angoisse du soir qui tombe, et les matins sinistres j'en ai gardé le bonheur du lever de soleil sur cette terre qui se renouvelle. Là où tu m'as enseigné le goût de l'égoïsme à dix-huit ans et les ravages de l'alcoolisme à dix-neuf, j'en ai retenu la ferme conviction qu'en effet, mes vingt ans ne sont pas inoubliables.

Je n'avais pas besoin de réapprendre le bonheur ou de me retrouver: sous ces quelques années noires, je savais bien que je refleurirai. La joie de vivre, elle m'a portée quand je me suis confrontée au miroir, quand j'ai gagné la bataille contre ce moi terrible. Personne ne pouvait m'anéantir, encore moins toi qui, une fois le voile ôté, parait juste malade, emprisonnée. En novembre, bien sur que j'ai mangé, j'ai dévoré la vie même, le soir qui tombait ne m'arrêtait pas, j'étais si bien avec moi-même, peu de biens matériels n'avaient d'importance. Quelques vêtements, une brosse à dent et je dormais sous toutes les villes, toutes les étoiles, bercée par mes poignets tous nus et mes jambes qui pouvaient courir jusqu'à n'importe quel rivage. Je n'avais pas besoin des autres, mes amis étaient là. Nul besoin de souffrir, plus je pansais mes plaies plus ça faisait sourire: elles ne reviendraient plus. Même la croix sur mon ventre, elle est partie. Le reste est dans ma mémoire et si je veux l'écrire, c'est parce que je me souviens de l'unique printemps triste de mon existence.

On est sur l'esplanade au dessus du jardin des pentes et je me souviens. Et Elle, ses cheveux doux sur mes cuisses, ses yeux d'un bleu si beau, son sourire flottant, elle n'est pas parfaite non plus, mais je ne ressens que le bonheur de savoir être heureuse avec moi-même et de l'aimer comme je m'aime, comme j'ai toujours aimé, de manière inconditionnelle.

Et sur le jardin quoique je pense, quelque soit le souvenir qui vaut la peine de se taire,
Je ne me suis jamais sentie à la fois paisible et passionnée aussi longtemps.
Mon apprentissage du bonheur, si simple et si intense, personne n'avait su le faire,
Personne ne m'avait donné de si belles heures en si peu de temps.

Avec le coeur et la raison

13 avril 2010 Comments Off

Le quotidien s'étire en bande de nuages capricieuse au vent battant.
On dit qu'on change même si on ne sait pas vraiment.
Je m'enfouis dans ton cou qui se cabre et dans tes bras qui s'ouvrent à moi, dans ton bonheur spontané et intense,
comme le ciel ce soir là sur les pentes,
au bord du Rhône et des lumières, nous sommes l'eau et le feu,
le serein et l'ardent.

Fragile, Opale

7 avril 2010 Comments Off



Ma fleur fragile au cou, toi que je n'ai pas su voir
Et à qui j'ai donné ma bague sur ce quai de gare

Tu es venue dans mon monde et c'était pâle
Un dimanche de décembre, si tard
J'ai gardé mes doigts nus pour ne pas oublier
Que c'est toi qui le porte ce cœur là l'Opale

Ma ville est à la Nuit.

2 avril 2010 Comments Off

Hier soir le beau temps faisait rage sur les terrains semi vagues de terre brune du campus universitaire ton jean et moi on te regardait jouer au foot dans ce crépuscule presque d'été presque sauvage avant d'aller suer sur le bitume je me suis dit que c'était ça d'être heureux, se trouver soi et son corps quelque part où s'épanouir en toi et ton corps à toi avec le changement d'heure,la nuit ne parait plus tomber et avec la nuit je rêve de tempêtes qui s'abattent le présent s'éternise le futur se délite

l'émerveillement dure.

Saint Lazare

30 mars 2010 Comments Off


Je t'attends à la gare en respirant plus qu'hier
Toujours moins que demain

Alors que je n'y croyais pas.

29 mars 2010 Comments Off



Un dimanche où défier à nouveau l'ensemble du monde: faire un puzzle en noir et blanc dont toutes les pièces se ressemblent, résoudre des fonctions affines par le calcul et graphiquement, régler l'horloge au temps qui nous plait et non à l'heure qu'il est, porter sur deux kilomètres une branche de fleurs de cerisiers sans qu'elles ne fanent.


Et dans cette nuit si lumineuse, quand tes yeux si beaux se posent en amoureux sur mon sourire et que tu me dis que tu donnerais ta vie pour la mienne, je n'ai pas peur ni du soir ni du vent, ni de l'abandon ni du ressentiment puisque l'impossible n'existe pas: je t'ai aimée dès le premier regard alors que je n'y croyais pas.

maladie du 28

27 mars 2010 Comments Off

Quand tu chantes fort en riant, quand tu dévores tes muffins au beurre salé, ma lilloise préférée, quand je vais voir le ballet de New York après une soirée avec mes bas ma robe mon visage déchirés, quand on dort à la belle étoile sur le jazz manouche, quand tu me regardes, quand tu ne sais plus arrêter de sourire, quand tu contemples un arbre qui bourgeonne, quand tu dis que si tu meurs il faudra vivre quand même, quand je mets ma joue contre tes seins, quand tu m'embrasses au milieu pile de tous les ponts dans toutes les villes que nous parcourons, quand tu refuses de partir à l'autre bout de la planète même si c'est la Californie, quand on s'emmène au hasard et que je vaux dix mille soleils, quand je te laisse me couper les cheveux dans la cuisine, quand tu me prends dans tes bras et que tu me dis que tu as peur, je sais que je n'ai plus besoin de renaître.

Et même l'enfer c'est pas grand chose

19 mars 2010 Comments Off


Tatoué dans tes yeux:

Le présent c'est l'amour
Le reste est sans importance.

I do feel scared

16 mars 2010 Comments Off


Une guirlande de fleurs en crépon ondule à la fenêtre, je vois le soleil sur ton lit. Il y a quelques semaines c'était la neige. Les saisons changent sans que la passion ne faiblisse. De Brixton à Lyon j'entends ton souffle à mon oreille:

Je veux tout faire pour toi.

M'emmener à la mer.

Le reste est dans le noir, secret et doux.
Tu effaces la violence du monde qui rôdait en moi.
Les souvenirs du passé sont neutres et sans reliefs,
Le malheur est atone, je me reconstitue
Dans ton équilibre à la fois précaire et tendre.

Un émerveillement commun se tisse à la peau
Comme si le bonheur était un total étranger
Ayant franchi le seuil

Feathers of youth

27 février 2010 Comments Off


Mon coeur est devenu anachronique, c'est vrai. Sur le canal le long de Camden, le soleil est intense même à Londres. Le manque est assourdissant, douloureux et savoureux en même temps. L'ailleurs reste encore délicieux. J'ai pris des formes féminines qui m'intriguent et m'enchantent, j'ai le sourire aux lèvres à tous les numéros, je chante dans mon crâne et danse dans ma tête. Je n'ai pas changé, je suis simplement redevenue qui j'étais. Rien ne vaut tes bras mais je me sens vivante, comme jamais.

Lucky days

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Mon coeur souffre de soixante-douze heure de manque et je deviens anachronique. Que s'est-il passé exactement? Nous prenions des english breakfast à Covent Garden, des pancakes à Saint Pancras, des cidres cuvée maison dans un pub un dimanche, au carrefour de Trafalgar Square. Tu dessinais dans un langage que nous seuls connaissons au Costa Café sur Euston Road, j'ai écris ciao bande de con sur les vitres. On restait des heures à regarder la Tamise de la terrasse du Tate Modern, les toits humides de la baie vitrée du bar à Champagne où on prenait le thé.

Plus je marche dans Brixton plus New Bond street m'a l'air brillante avec ses vitrines illuminées. et je pense aux moments où je riais sans raison dans Leicester, et à ceux où une heure sans toi je m'ennuyais dans Mayfair. Je t'ai emmenée au Green Carnation, ce bar en hauteur inspiré par Oscar Wilde, si sombre, mystérieux et magique. Je me suis ruinée en taxi et vins blancs français, on a dansé au Heaven dans une sorte de hangar noir, on s'est invitées à un gala de charité chez Fortnum & Mason, on a mangé la plus délicieuse cuisine indienne du Sud près de King's Cross, on a couru dans Camden Town avec une inconnue dreadloquée pour récupérer de la musique psychédélique. On a fait les robots dans le métro, le chameau et le moustique dans Melton street, on a noté les moches et un bossu d'une terrasse à Embankment.

Et puis tout ça n'est rien à coté du bonheur de regarder tes yeux se poser sur ton cadeau punaisé entre les dédicaces d'Alexander McQueen au beau milieu de la London Fashion Week, du bonheur pouvoir te faire découvrir la ville de manière insolite, comme un autre cadeau, comme cette part de moi-même jamais encore ouverte. C'était un bonheur de pleurer contre toi pour un pays étrange et désertique, un bonheur de te rassurer dans la nuit en te disant des mots doux, un bonheur de m'étendre dans les draps blancs de cette petite garçonnière sur Argyle Street. Un bonheur de te photographier, t'enlacer dans les stations de métro, t'embrasser sur les ponts anglais, te sourire dans toutes ces rues. Un bonheur d'avoir le luxe d'autant de jours à trainer les cafés et les grandes avenues, dans le quartier jamaicain, dans St James Park, dans notre maison construite de couvertures de fortune, un bonheur d'être fatiguée, d'avoir froid, d'être malade, d'avoir faim et soif et sommeil avec toi. De te découvrir, te chérir et t'aimer encore plus si c'est possible.

Ciao

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Arrêt du tramway, Bachut Mairie du huitième. Le crépuscule scintille dans tes yeux comme les ailes de métal de l'aéroport dans le soir qui tombe, comme l'envol qu'on prend pour l'infini.

A la gare de King's Cross quand on s'embrasse en riant quelque jours plus tard , quand on écrit sur les baies vitrées du Costa Coffee sans se soucier des gens, il n'y a plus que ton odeur et celle de la liberté de vivre.

Champagne première cuvée

16 février 2010 Comments Off

Tout va bien.

Sur les six pièces de théatre vues en une semaine _ pourquoi faire les choses à moitié? _ une seule n'était pas bonne, la météo à Londres parait encore clémente, nous avons réussi à manger les pâtisseries du club malgré les cent-cinquante personnes affamées autour de nous, le soleil est revenu à Lyon,
tu ne pars pas à Santa Barbara pendant cinq mois mais tu décides de rester avec moi, il reste du café, même un champ perdu dans la banlieue Est est poétique, je peux passer du plus fou désir à la plus infinie tendresse,

le miracle quotidien de la vie continue de se produire.

My own Alaska

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Trois fois l'on se quitte sur le Pont du Carré de Soie quand ta voiture fait une embardée contre le goudron froid et que ta main cherche ma main et que je n'ai pas envie de quitter ni ta bouche ni ton cou ni tes bras ni le matin. Trois fois que la banlieue s'éveille avec moi quand tu pars pour les travaux publics et que je vais finir ma nuit sans toi. Les jours passent de façon incroyable. Mon ciel est une improbabilité immense et sans conteste. Il n'y a pas besoin d'aller au cinéma quand on court à perte haleine dans un supermarché, qu'on prend des billets d'avion sans se connaître, qu'on tague des révoltes sur les bâtiments de France, que l'on danse en discothèque à dix-huit heures un dimanche. Les autres nous regardent d'un air hagard et puis ils ont raison quand ils nous disent que nous avons une chance attendrissante et belle comme si l'on ne s'en rendait pas compte. Mais l'existence n'a pas toujours été ce soleil d'été en hiver, il y a surement assez de cicatrices pour cesser d'être autodestructrice. Il n'y a besoin d'aucune drogue pour cette rage de vivre si ce n'est quelques Pall Mall Alaska et cette douceur délicate et infinie, ma douce tyrannique

Désincarcération

28 janvier 2010 Comments Off

Dans la cour de béton des années quatre-vingts de l'École nationale des travaux publics. il était quatre heures du matin et tu faisais un beau tableau avec le grand blond à polo rose et le barbu qui fume tellement qu'il ne mange plus. Une auréole se baladait négligemment au dessus de ton crâne, et j'aurais eu beau la tordre avec ma main, pas moyen: aucune apocalypse n'aura raison de nous.

Après avoir essayé l'ensemble de la carte de l'open bar nous comatons délicatement mon corps et moi vautrés au milieu du corporatisme, entre-soi dont je ne fais pas partie mais peu importe je suis arrimée à toi, caméléon étrange en satin et en soie. Au fil des semaines, la carapace est partie, je ne suis plus cette tortue poussive et sans appétit. De toutes ces sectes aucune n'aura ma peau si ce n'est celle du bonheur.

24 janvier 2010 Comments Off

"Je ne nous laisserai pas devenir moins folles"

La folie n'est rien c'est juste de l'amour.
Je ne nous laisserai pas, tout court.

Rue des idéalistes

23 janvier 2010 Comments Off

Mon corps est un ancien charnier transformé en roseraie, en serre de fleurs d'hiver: hellébores et perces neige à mes jambes, enroulés. Comme nous sommes emmêlées toi et moi dans ces matins, à la fois éternelles et recomposées. Emmêlées et enfouies.

Nous nous sommes données rendez vous à quatre heures et demi du matin, la nuit était glaciale et inhospitalière mais un petit feu brûle toujours en moi. J'ai laissé les yeux égarés de Johanna perdus dans l'air vicié de son petit studio pour une bouffée de silence abyssal: Lyon, grande blonde bourgeoise à demi nue et demi endormie. Un immense arbre en fleurs plastifiées trône place Antonin Poncet, nous luisons tous les deux dans l'obscurité.

Nous taguons l'absurdité douce de l'amour dans la rue Sainte Polycarpe, et je me moque d'être emmenée au poste, si c'est avec toi. Je me fous des heures longues au pied du mur, il n'y a plus de remparts au monde ni à la société: je nous appartiens, le reste n'est à personne.

Elle me regarde dans la rue en essayant de deviner ce que mes yeux cherchent dans ce ciel étonnement crépusculaire, mais j'essaie seulement de comprendre quelle est cette magie en toi qui me rend juste illuminée, qui illumine mon monde à moi. Je sens alors que le printemps et l'été se feront avec toi, la certitude m'emplit d'une joie tremblante et angoissée. Le risque est plus éloquent que mes mots sobres que tu ne liras pas, mes aveux cachés dans l'électronique, mes demis-mots pourtant pleinement pensés. Puis Place Saint Jean, nous cherchons vainement un café à cinq heure du matin, et sur le pont, dans ce vent qui nous rendra malade, au milieu du pont, ton baiser, alors le froid est pour plus tard.

Nous sommes montées jusqu'à Fourvière à l'aube, la ville était plongée dans la brume si bien qu'aucun lever de soleil à l'horizon ne perçait les nuages. Sous tes lèvres, le ciel s'éclaircissait sans astre, aurore abrupte et indéfinissable, comme ce coup de talon au ventre que tu me donnes: dès que mes yeux croisent les tiens, après l'absence à sentir tes vêtements, après l'orgasme à fixer ta bouche, remonter l'œil, subrepticement, jusqu'aux autres antres ourlées.

Les Possibles

19 janvier 2010 Comments Off

Vaulx-en-Velin, 8h55

Un lever de soleil rougeoie au dessus du périphérique, quand nous voguons, petit bateau de bois sombre, à travers les mats noirs des ponts et des poteaux. Une flopée de HLM pour unique point d’ancrage, je marche le long d’un golfe de béton. J’ai mal aux veines, et mon cœur bat sauvagement à l’intérieur de moi, peut-être que tu ne le sais pas. A l’intérieur c’est l’aube constamment, le matin aveuglant et solaire. Et puis ce n’est plus Villeurbanne c’est Delft: mes pieds caressent une eau de mer peinte à l’huile du seizième siècle, et personne n’est préparé pour d’aussi mystérieuses eucharisties.

Le monde est l’antre d’un démon éventré par les mains d’un ange. Mon ventre doux debout entre les draps, vivant. Puis par delà l’assurance animale, beauté contreplaquée, je me recroqueville, petit chardon brisé. Dans le brouillard de la banlieue, je compte mes hématomes de vie nouvelle _ sans cesse renouvelée. Et par-dessus les mains pressantes et l’impatience au creux des cuisses, c’est bien l’urgence au fond de l’âme qui me rend d'un seul coup presque ataraxique.

L’existence est incompressible à ta bouche. Bien au contraire quand je t’embrasse soudain le large se découvre. Soudain la plus grande nudité: la crainte au fond des yeux entraperçue. Et puis ce froid qui se glisse en moi par la pupille, pastille blindée du fourgon sentimental. Malgré la caresse, le métal, camaieux de gris bleu, imprécise appréhension. Le jour où j’ai su que j’allais souffrir : mes bras dans l'eau tiède et mon corps en dehors, jambes repliées sur la faïence. Je regardais ce reflet de bonheur contenu et d’effroi, si vulnérable dans son bain. Quotidien intérieur plus intime que tous les érotismes, que connaissais-je de toi ? Ta peau, candeur suspendue à tes mains, menus bourgeons d’hiver passant toutes les saisons, tes seins, puis tes cheveux soyeux et teints, adulte composée sur l’enfance, héroïne oubliée.

A chaque latitude, la chair dorée s’invite à mon gosier, l’englobe et le pénètre. Nous composons une géographie charnelle, un désir cannibale s'impose en moi, quand aux hanches se dessine le pôle de latitudes équatoriales : le nord est devenu le sud: tout amour est absurde. Et dans l’aberration, personne n’est voué à quiconque: cependant tout en toi n’est qu’un tropique suave à ma pluie. L’assurance était telle de ne jamais autant souffrir à nouveau. Et puis je t'ai vue dans ton bain, dans cet abandon nu. Sans ivresse ni pouvoir. Et j’ai su qu’il était tout à fait possible, par le hasard le plus bienheureux, que je subisse encore.

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Lyon, 21h02

Sur un fauteuil tapissé de rouge, chaque nanomètre de toi brille à la lumière d’un mystique rituel fait de coquilles Saint-Jacques et Riesling 2008. Mon intérieur aussi est auréolé à la bougie. Si tu approches la flamme tu peux lire les messages gravés au couteau de certains embastillés en moi, car je n’ai eu de cesse de faire savoir à mon intérieur que j’aimais. C’est un piano affolé vibrant dans l'aorte thoracique et dont le timbre gronde entre mes bronches. Tu vois tu ne sais rien mais chaque atome sonne.

>Il est vingt-et-une heure, rue de la Guillotière, un vent glacial balaie les passants jusqu’au pont, Lyon est illuminée de givre, de brouillard et de pollution d'heure de pointe. Les bars se remplissent d’alcools et de pizza. C’est une mauvaise journée, dans laquelle la peur a eu le premier le rôle jusque dans la soirée: j’enlace l’amertume dans l’instant, c’est tout. Dans la pénombre d’une autre soirée tu parlais de sacrifier quelque chose qui comptait, ça signifiait beaucoup, ça voulait dire tout, et je flippais.

Alors, il est vingt-et-une-heure grande rue de la Guillotière, les autos font des embardées mais je peux bien mourir, avec toi sur la route comme deux faons égarés. J’ai déjà écouté Tchaïkovski il ne peut rien arriver. Et puis à l’extérieur, la révolution est plus silencieuse qu’invisible : chaque heure est là transfigurée, et je me départi de moi-même, et dans les draps je ne sais plus où je m’arrête et où tu commences. Où je disparais dans le plaisir, où je me fonds en toi. Et puis le sacrifice tu ne sais plus : qui est cette autre qui vient t’enchainer? C’est vrai qui suis-je dans ton monde pour te faire vaciller. Il s'agit de se souvenir que le renoncement se mesure à l’échelle de l’amour : celui du regret.

Et puis je n’en ai pas. A ta bouche mon odeur mon soupir mes sueurs : il n’y a pas d’eau assez profonde, ni de désert assez sec dans ce monde révélé les jours sont des nocturnes et les nuits sont solaires Taguer l’espoir en bas de chez toi à quatre heures du matin, je sais que c’est possible, comme décider de partir à Londres du jour au lendemain ou bien faire un puzzle comme faire l’amour. Dans cet improbable là, je me souviens de mes deux pieds dans la neige, dans cet hiver démesuré, ma solitude heureuse: je sais que c’est possible.

Fear for Fear

14 janvier 2010 Comments Off

Université Lyon 1, gymnase

L'évidence est si nue, j'en suis si dépouillée:
Je n'avais jamais eu autant fierté
Pour quelqu'un d'autre que moi
Terrible est la mue, l'aube, et le fruit tendu

Je ne sais pas encore le dire que je le sens bouillir
Au fond de mes deux mains mes veines
Mon quelqu'un d'autre en moi,

L'ardent bonheur douleur, et puis le cœur qui se souvient
Quand on se dit: Serre moi.
Pour ne pas se dire
J'ai peur du monde entier mais bien moins avec toi

A bout de souffle

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Quelque part, je cherche ce moi qui se renouvelle et qui démange, et puisque la vie pousse si fort sur les côtés, alors il faut écrire dans la hâte, et plus encore s’il le faut, il faut écrire entre ces deux souffles qui menacent de faire tout disparaitre. Le tien, et le mien, morceaux de vie hors d’haleine entre les draps. Ancrée à ce lit que je découvrais de manière fortuite et indéfinie une nuit, si peu de temps après Noël. Alors. Il faut revenir à ce commencement pour pouvoir écrire cette histoire de bouts de souffle, mon inconnue, mon astragale dans le froid, puisque l’existence entière est devenue froide et inhumaine sans toi.
Tu te souviens de ces carnets d’intention de prière que tu avais noircis de prénoms et de dates, de dessins d’enfants morts et de fleurs bizarroïdes.

A Sainte-Bonaventure, tout près du Monoprix, les âmes sont en solde : j’en ai acheté une à ma taille et j’ai revendu l’autre. Jésus n’avait pas l’air d’avoir la forme mais mon corps se tendait tout au fond, orgasme intellectuel sur banc de bois, et si je prie pour me parler à moi-même, si je m’agenouille sans croire, ça fonctionne pareil. Le monde est une machine d’espoirs contradictoires. Les touristes chinois trempent leurs doigts dans l’eau saumâtre bénie par un grand noir, et je porte un cierge à défaut d’un toast à l’autel. Aux murs, des donations en pierre et des fresques anciennes, un peu gréco-romaines.

Et puis, je ne crois pas en Dieu, mais j’ai repris une vingtaine de Je vous salue marie, parce qu’il fallait pouvoir trouver quelque part cette force infinie et ce silence, cette beauté du monde. Et pour me rechercher dans de nouveaux calices, je me devais d’emprunter ce chemin étrange de superstitions et de déni qui souffle Pardonner, donner, donner.
Je me souviens de Sainte-Thérèse même s'ils ont démantelé la statue dont le dogme radical criait: Il faut aimer, sans mesurer quoique ce soit. Et je la crois toujours, comme la première fois.