Archive for mai 2011

French Riviera

30 mai 2011 Comments Off

La Baule, mai 2011


Tout est doux tout d'un coup tout s'arrête.
Rien que le bruit des vagues. 

La Solitudine fra noi

25 mai 2011 Comments Off

Dans ce monstre métallique au ventre climatisé qui m'emporte entre deux vallées. Je dors roulée en boule sur la banquette de l'ancien train couchette, je dors jusque Voiron, j'ôte mes chaussures délicatement et je met mon sac en coussin. Je dors sur mon café à neuf heures zéro zéro la tête sur mes mots croisés, je dors quand on passe les balcons donnant sur les rails. Je dors dans le tramway gris jusque Grand Place, je dors dans la chaleur de l'été arrivant. Les heures paraissent tomber en goutte à goutte jusqu'à s'abîmer dans le noir. Une perfusion de rien arrive jusqu'à mes veines et me vide pourtant inlassablement de ma substance.

Il n'y a plus rien que le silence et les sirènes des secours voguant entre les rues illuminées à travers les stores à demi fermés. Le vide abrupte de l'appartement respire la solitude entre quelques livres et des paquets de pâtes. On ne peut pas vivre comme ça sans voir personne quand je n'ai même plus mes yeux cette nuit pour te regarder, jusqu'à m'écrouler de sommeil à te dévisager. Mais non aucun humain, aucun être aimé.

Je passe mes soirées dans un bain à chercher le vrai sens de la vie en écoutant le lent blabla de France Inter jusqu'au petit matin. Ne vas tu pas frapper à ma porte. Les voisins font la fête et dans ma morne morgue, j'irais bien rejoindre âme qui vive, fusse-t-elle ivre et décomposée entre deux canapés. Je finis devant Lucia di Lamermoor et le lac des cygnes qui passent sur Arte, la télévision posée sur le parquet entre deux cartons pâte. Attends moi mon amour. Je rêve que je marche à l'infini qu'il n'y a jamais de fin à cette randonnée absurde. Attends moi mon amour.







Premières neiges

24 mai 2011 Comments Off

Un regard sur un ciel étoilé. Villeurbanne dernier écueil, et quelques larmes sur le rebord de l'escalier, mélange sourd de derniers moments où je suis déjà partie, sans savoir où vraiment. Un fil pend à ma bouche, mes yeux, mes cheveux : je me rends compte que je suis tissée de quelqu'un d'autre. Je n'ai pas été libre et sans attaches suffisamment longtemps hormis cette expulsion soudaine d'un embryon de moi-même en une fin d'automne. 

Mes petits bras pendaient dans les escaliers gris, ma tête roulait contre un tapis, au bord d'un seuil contre la porte en bois. Naissance abrupte dans le noir. C'était un moment où l'on ne m'ouvrait pas, moi aussi je m'étais fermée. Les vers restaient à l'intérieur, me pourrissaient de jour en jour, je me dévisageais dans cette salle d'eau minuscule et sale, oh je l'avais récurée de bas en haut, frottant pour effacer toute trace de bataille, je l'avais nettoyée comme jamais cette petite pièce de morsure quotidienne. L'odeur de la javel et de la soude je l'ai encore à l'estomac quand je vomis je pense encore à ça.

Je ne sais pas quand est-ce que j'ai perdu la faculté d'être seule. Quand j'avais dix-sept ans mon cœur était déambulatoire et rêveur, les autres étaient ces étrangers à connaitre et ce plaisir honteux qu'il fallait partager, à tout prix tout donner. Quand est-ce que tout ça à déserté? Je me souviens de R. si amoureux sur la plage, de mon corps flottant dans la mer, se sentant juste abandonné, insensible au désir et à son insubmersible envie de me protéger de ceux qui me voulaient du mal. Parfois je cherche en arrière ce moment où le fil s'est noué où il n'a plus été possible de revenir en arrière. Est-ce que c'est quand j'ai enlacé ce tramway nommé mourir à toute allure de la Place Carnot aux pentes, est-ce que c'est quand cet inconnu touchait mes sous vêtements tous neufs dans une voiture en face de la Manufacture. Quand est-ce que la confiance a déserté? Je me sentais invincible à un moment, personne ne pouvait m'attaquer. Est-ce que c'est quand j'attendais, au café La Gargouille entre deux plantes vertes, moi en fleur inutile. Un jour j'ai attendu dans la neige, des heures, j'ai fait du vélo pieds nus dans l'hiver glacé, j'ai bravé tous les autres, j'ai attendu plusieurs nuits dans des cages d'escaliers, j'ai même prié. A force d'attendre quelque part, je me suis fanée.

A un moment, j'ai refleuris ailleurs, surement mille fois plus mais sans maturité. J'aime comme on aime enfant, de là à tout donner, de manière exclusive, et inconsidérée. Hormis l'amour, rien ne parait valoir la peine d'être protégé.

Where I needed to be.

19 mai 2011 Comments Off


Nantes, un dimanche de mai

Le long des bords de l'Erdre, pâle dimanche de mai. Une seule phrase flotte dans ma tête quand elle est contre toi. Au fond de la verdure des canoe kayak font des sportifs vas et viens et les petits enfants encore emmitouflés se faufilent entre les arbres autours d'adultes en pull marin un peu blasés. Le ciel est bas comme en Ecosse et dans ce jour chômé et à la fois férié, seuls les trains semblent encore fonctionner. Mais pour l'instant ma main est dans la tienne et l'on se balade en faisant semblant d'oublier que dans quelques heures je serai à nouveau sur le quais. Les étreintes peuvent attendre, le vent souffle délicatement entre les feuilles il ne pleut presque pas. Je pourrais rester je me vois déjà faire cuire des petits poissons dans cette cuisine blanche, monter et  redescendre l'escalier de bois avec mes talons, oublier mon maillot dans la salle de bain, faire du vélo le long de l'Erdre. Et cette phrase qui ne me quitte pas, qui siffle à mes oreilles :

I may not have gone where I intended to go, but I think I have ended up where I needed to be. 
(Douglas Adams).

A quelques centaines de kilomètres de là, diagonale brutale : j'ouvre les yeux ce rêve récurrent où je perds des dents, il y a un trou sombre entre les Montagnes comme un sourire en coin, le paradis est loin ici l'eau est un caprice alpin glacé malgré une chaleur suffocante qui me rend accablée. Plus de quoi prendre un café, parfois plus de quoi manger, une fierté déplacée m’empêche de prendre un téléphone et de faire l'aumône à mon père coincé dans son désert, de faire l'aumône à ma mère entre deux géraniums de banlieue. Je fais l'inventaire de l'appartement : il n'y a plus rien à vendre si c n'est l'ordinateur, des livres, mon corps et l'imprimante HP. Le futur parait aussi être un grand trou noir, plein de possibilités immatérielles et de frontières à traverser. Quand je ne sais pas vraiment où j'ai l'intention d'aller, mais que je sais si bien où j'ai besoin d'arriver. 

Silence gare Montparnasse

16 mai 2011 Comments Off

Barcelona as Paris. january 2011

Le week end est fait de milliers de couloirs, milliard de marches d'escalier, labyrinthes de solitudes où je serre ta main. A peine retrouvée voici le futur, conditionnel étrange de vies rêvées à la terrasse d'un bar à vin rue Daguerre à Denfert Rochereau. Passé antérieur qui nous revient d'un coup dans l'appartement bobo de la rue Montreuil où nous passions un week end de juin sous un soleil de plomb. Je te quitte à la gare Montparnasse, c'est peut être la seule chose que j'aime dans Paris, ces enchevêtrements immense de métal, stigmates de voyages avortés, d'amoureux sur les quais, de vacances, d'on s'en va. Pour l'instant c'est moi qui pleure sur le quai n°2. Je n'ai pas envie de rester, je dis, mais je ne veux pas rentrer sans toi. Le train fini quand même par s'évader, l'appel de la montre, et quand tu fuis vers l'océan, moi je reviens aux montagnes, Gare de Lyon la nuit.

Ton visage par la vitre de la voiture 19 salle basse coté fenêtre me reste dans la tête, image insubmersible de tes traits d'ange farouche, libre de tout, tellement gardien. Je me souviens de tes yeux d'eau froide dans lequel je m'immerge d'un coup, c'est à la fois douloureux et quasi extatique. Dès que je plonge c'est le silence le plus paradisiaque. Les trains peuvent vrombir, la gare peut imploser moi je suis dans ce silence souverain qui s'impose, naturellement.

De retour à Lyon, si paisible est la place Lyautey, les joueurs de pétanque sont endormis, la ville est si différente de Paris et ses paranoïas, ses foules denses qui agressent. Lyon et un morceau de ton silence, ramené avec moi.

L'heureuse

9 mai 2011 Comments Off

Le long de la Côte d'amour des étendues de sable s'étendent entre la Baule et Saint Nazaire, c'est l'embouchure de la Loire. Nous survolons les chantiers navals, et nous dormons sur plusieurs plages. Les week end ont l'odeur de l'iode à plein poumons et celle de sa peau. L'odeur qui me dit que je suis ici comme nulle part ailleurs, à l'heure heureuse exactement. Les quais de gare nous retrouvent sans jamais nous perdre, mon existence est un train surpuissant on peut bien me voler mon sac, me casser mes chaussures, me donner des avertissements, me dire de ne pas partir de rester là à bien mourir, je m'en fous moi je t'aime, et la vie est ailleurs. Je parcours sept cent kilomètres, je ne suis pas matérialiste, je peux bien avoir mes biens disséminés, vivre sans micro onde, sans canapé, je suis où est mon cœur.