Flétrir

2 janvier 2012 Comments Off

 Saint-Gilles, cheap restaurant.


J'ai pris racine dans la cuisine, illuminée d'un soleil presque barcelonnais. C'est tous les jours de la semaine. Car tous les jours de la semaine se ressemblent quand l'existence parait quelque peu pointless. Souvent c'est sous le ciel bas sempiternel, mais aujourd'hui c'est le soleil. Ce n'est pas si loin des serres royales de Laeken, de là où fleurissent ces plantes fragiles et exotiques importées du passé, du Congo belge, de l'Indochine française, de la Zélande nouvelle. On dit que les plus belles choses mettent du temps à pousser. Est-ce que je suis de ce genre là, en maturation longue, est-ce que je fais partie de ces espèces à protéger. 

Éclose dans la cuisine, sur mon cinquième café. J'ai parcouru les cinquante-quatre stations de la ligne 94 jusqu'à Trammuseum. Je n'ai visité aucun musée, j'ai faim de réalisme. Je marche et me nourris de cette ville de part en part, vite, maintenant. Qui sait si je serai encore vivante au printemps.

Alors je suis dans la cuisine, les avants-bras délicatement posés sur le plan de travail, paumes tournées au ciel. Un pan béant de moi à la fois fleurit et se nécrose, cage thoracique vidée sur le carrelage en porte ouverte comme un triste frigo.

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