Away from home

11 août 2011 Comments Off

Je marche à travers de la clinique privée, les façades sont transparentes en rose et bleu, dehors il pleut et il faut faire le code de nuit pour accéder au laboratoire, comme si c'était la nuit noire. Le froid est de partout à l'intérieur. A l'intérieur, une vieille femme pense être enceinte et un grand black fixe les murs de la salle de prélèvement d'un air extatique. Deux infirmiers jouent au cartes, grand rêve éveillé. J'ai la bouche sèche, la nausée. La climatisation me suit partout, de partout c'est le froid artificiel puant, dehors, en moi, dedans.

Je n'ai pas vu les perséides, l'ensemble des nuits reste un pyjama sans étoiles. M'abîmer au fond de l'horizon Villeurbannais, quelques pansements plus tard. A la fenêtre, il ne reste plus qu'à attendre que cette tempête revienne. Qu'elle prenne à bras le corps les feuilles, déjà mortes, les brindilles, et moi avec. Les gouttes d'eau sont larges comme des pièces, dès dix-sept heures je suis malade, je dois sortir, je dois prendre le train, l'avion, le bateau, rouler, pédaler, marcher. Marcher même des jours entiers. Etre en mouvement pour s'émouvoir. Dans la banlieue dortoir, tout est morne, le ciel peut parfois devenir rose, parfois violet. Les voitures luisent dans les allées, des chats ressortent se cacher dans les haies et sous les rosiers. C'est le mois d'aout le plus printanier.

Il n'y a plus d'envol jusqu'aux rochers humides de la côte Atlantique, plus de traversées audacieuses le cœur accroché au vent, amant. Les trains express régionaux continuent de balancer leur système de refroidissement aux relents d'animaux de forêt morts. Certaines choses finissent par me dégoûter: l'odeur des usines du sud, le café. Nausée conflictuelle, reins gauche fatigué, quelques échographies où l'on voit l'intérieur lisse et mystérieuse de mon ventre, fond marin intriguant. J'ai deux ovules qui se baladent, sans prénom.

Dans ces journées sans germe sensible, vivre dans un flou local. Chercher sans comprendre la raison de ne pas savoir dormir, de ne pas pouvoir. Disséquer le manque, en vain, analyser le point de chute à deux heures du matin. Si c'est au dix-septième jour, si c'est après. Chercher ce qui me fait sentir mon futur étrangement incomplet, en ballotage quelque peu angoissant, sans clés. Sans avoir le défi de reconstruire une existence, juste quelques connaissances, quelques ailleurs, quelques données inconnues.  Spéculer dans le vide. Choisir par amour. Je sais c'est temporaire, ce truc en noir et blanc, cette série quotidienne. But I want a home away from home. Attendre de quelqu'un d'autre qu'il vienne nous dérober dans un rêve, et puis le reste est insomnie. Dans la nuit hors saison, frissons.


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